
POINTS CLÉS
Une prise en charge débutée le plus tôt possible permet de réduire le délai d'indisponibilité avant la reprise totale des activités/sport.
Le repos complet et les anti-inflammatoires ne sont plus recommandés. Un programme de renforcement progressif dans le respect des symptômes présents mènera à la meilleure cicatrisation possible.
L'analyse biomécanique des mouvements (qualité du geste) et des différents acteurs (articulation/muscle) de la chaîne cinétique sont d'importants paramètres à prendre en compte lors de la rééducation.
Un échauffement optimal et une récupération approprié après l'effort permettent de réduire le risque de survenue/récidive de blessure.
Je me suis fait un claquage musculaire au sport, est-ce grave ?
Les blessures musculaires sont courantes dans le milieu du sport et la pratique d’activités physiques. Elles touchent principalement l’arrière de la cuisse (ischio-jambiers) dans le sport à vitesse élevées (sprint) et d’accélération. Elles peuvent également toucher le mollet, l’avant de la cuisse (quadriceps) ou encore les muscles adducteurs lors d’activités comportant des changements de direction.
Elles n’ont pas toutes la même gravité. En ce sens, l’impact de la blessure sur la poursuite de l’activité sportive et sur les mouvements du quotidien (appelé impotence fonctionnelle), ainsi que son temps de guérison, peuvent varier de plusieurs à jours à plusieurs mois.
La classification des différents problèmes musculaires se base à la fois sur l’étendue de la zone lésée (grade 0-4) et la location précise de la lésion à l’IRM : myofascial (a), musculotendineuse (b) ou intratendineuse (c). La version la plus à jour et détaillée ci-dessous est la « British Athletics Muscle Injury Classfication » :
- Grade 0a (couramment appelé contracture) : douleur musculaire ciblée, locale après un exercice. L’état de tension du muscule le rend sensible à la palpation.
- Grade 0b (couramment appelé courbatures) : douleurs musculaires à apparition retardée qui constituent une réponse physiologique normale après un entraînement et faisant partie du processus de renforcement.
- Grade 1 (couramment appelé élongation) : petite déchirure musculaire avec douleur pendant/après l’activité. Les possibilités de mouvement sont généralement normales après 24h mais l’athlète peut continuer à éprouver des douleurs pendant plusieurs jours.
- Grade 2 (couramment appelé claquage) : déchirure musculaire de taille moyenne avec douleur pendant l’activité qui oblige la personne à l’interrompre immédiatement. Les possibilités de mouvement ne sont pas normales après 24h et la convalescence s’étend de plusieurs jours à plusieurs semaines.
- Grade 3 (couramment appelé claquage) : déchirure musculaire de taille importante qui se traduit par une douleur d’apparition immédiate pouvant faire tomber la personne. La personne boitera encore après les 24 premières heures. La convalescence s’étend sur quelques mois.
- Grade 4 (couramment appelé rupture) : rupture du muscle/tendon avec impotence immédiate et présence d’un creux palpable à l’endroit de la rupture. La convalescence va s’étendre sur plusieurs mois
On m’a conseillé du repos, de la glace et des anti-inflammatoires pour les premiers jours : est-ce la meilleure chose à faire ?
Au fil des années, de nombreux protocoles de prise en charge des traumatismes musculosquelettiques se sont succédé. Les éventuelles modifications ont toujours été guidées par les découvertes des recherches scientifiques. Le dernier protocole en date a été édité par La Clinique du Coureur et est utilisé par les plus grands experts.
Il convient de protéger la zone lésée en évitant les activités qui causent la douleur mais en continuant à être actif. Les exercices spécifiques non douloureux débutés précocement et le maintien d’une activité cardio-vasculaire vont accélérer le processus de cicatrisation. Il est donc important de ne pas se mettre totalement au repos. L’élévation de la jambe atteinte favorise le retour du sang au cœur. L’application d’une compression (bandage) peut aider à diminuer le gonflement (œdème). Il convient enfin d’éduquer les patients à éviter la surutilisation de traitements passifs et le recours abondant à la surmédicalisation, souvent anxiogène, pour se tourner vers des approches plus actives. Dans cette dernière version, il désormais déconseillé d’avoir recours à la glace et aux anti-inflammatoires. En effet, bien que donnant l’impression de réduire la douleur à court terme, ces substances présentent des effets néfastes sur le plus long terme en ralentissant la vitesse de guérison. Les cellules amenant à la cicatrisation puisant leurs racines dans l’inflammation présente.
Comment est-ce que la kinésithérapie peut m’aider ? / Comment se déroule une rééducation ?
La phase aigüe décrite ci-dessus peut déjà être débutée en collaboration avec votre kinésithérapeute. Une prise en charge précoce permet de se mettre directement sur les bons rails et une blessure de ce type pris en charge immédiatement aura pour effet une reprise totale des activités beaucoup plus rapide qu’avec une attente de 2 à 3semaines avant le début de la rééducation !
Lors de la rééducation, un accent particulier sera mis sur la reprise progressive des contraintes appliqués aux tissus lésés. En d’autres termes, il faudra choisir avec soin les exercices les plus adaptés. Cela aura pour effet d’apporter la stimulation nécessaire au muscle pour qu’il cicatrise au mieux et puisse retrouver à terme son plein potentiel sans toutefois en faire de trop. Le secret est dans le dosage. Dans un deuxième temps, le kinésithérapeute observera la qualité de vos mouvements. Quand le muscle aura retrouvé ses pleines capacités, un risque de blessure peut encore survenir si son fonctionnement ne se couple pas à un fonctionnement optimal des autres muscles et articulations voisins. Le kinésithérapeute s’assurera de la bonne harmonie de cet orchestre par l’analyse qualitative du mouvement et de la chaîne cinétique.
Pour cela les principaux outils du kinésithérapeute sont :
- Echelle de contrôle de la douleur / Pain Monitoring Scale
- Quantification du stress mécanique / Load Management
- Exercices thérapeutiques spécifiques
- Techniques des tissus mous : mobilisation, massages, trigger points
- Analyse du mouvement et de la chaîne cinétique
Comment éviter une récidive ? Dois-je faire des étirements lors de mon échauffement ?
Il est malheureusement impossible d’éviter totalement les blessures. Cependant on peut largement réduire l’apparition de celles-ci en faisant attention à plusieurs points :
- Le moment de retour au sport: afin d’éviter toute récidive, il s’agit d’avoir l’accord de votre kinésithérapeute pour la reprise de votre sport à l’aide d’une batterie de tests.
- Préparation au mouvement: un échauffement complet permet de mettre le corps dans les meilleures conditions possible pour ensuite exécuter un effort précis. La science de l’échauffement a énormément évoluée ces dernières années et il semblerait désormais qu’une nomenclature plus adaptée serait : préparation au mouvement. Celle-ci devrait idéalement comprendre un échauffement à proprement dit (course à pied, vélo), étirements dynamiques* (de l’ordre de la seconde, pour préparer le muscle à s’activer dans l’entièreté de l’amplitude articulaire), activations musculaires locales, drills techniques et enfin activation neuro-musculaire.
- Récupération: soyez vigilants à la façon dont vous « traitez » votre corps : nutrition, sommeil pour préparer au mieux la prochaine séance.
*Les étirements statiques (prolongés, maintenus) ont fait l’objet de nombreuses recherches scientifiques ces dernières années et les résultats peuvent sembler surprenant. Souvent mis sur un piédestal, il semblerait pourtant que les étirements statiques ne réduisent pas le risque de blessure et peuvent même impacter négativement la performance sportive.